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Les nouveaux invisibles : Personnes âgées migrantes en Hébergement d’Urgence (HU)

Lorsqu’on parle vieillissement et précarité, on pense souvent aux publics issus de la rue.
Pour ceux qu’on appelle les grands précaires, les parcours de vie rudes, sont intimement liés à des histoires difficiles, construites de traumatismes familiaux, de problématiques de santé psy, addicto ou liées au handicap, sans soins adaptés, à des sorties d’incarcération ou des sorties de dispositif ASE (aide sociale à l’enfance) pour lesquelles aucune solution n’a été mise en place …

Des chemins de vie bercés de souffrance, qui, combinés aux rudesses de la rue et à l’isolement, accentuent la marginalisation et rendent difficile toute possibilité de se raccrocher durablement à un logement.

Aux côtés des grands précaires, un autre public partage les accueils de jours et les structures d’hébergement d’urgence, souvent dans la plus grande discrétion.

Depuis plusieurs années, on ne peut que constater le vieillissement des populations accueillies en Hébergement d’Urgence (HU). De plus en plus de personnes accueillies en HU atteignent désormais le 4ᵉ âge (plus de 75 ans). Ces personnes isolées attendent, en silence et dans des conditions d’hébergement le plus souvent inadaptées à leur situation, une régularisation de séjour sur le territoire, qui tarde trop à venir…

Dans le cadre de l’Hébergement d’Urgence, la prise en charge de ces populations vieillissantes est extrêmement complexe, face à leur perte d’autonomie. Ces personnes ont besoin de services renforcés et d’une présence sociale accrue, pour garder des repères et se sentir en sécurité, face à l’absence de famille, de réseau et à l’isolement auquel ils sont plus particulièrement exposés.

L’accès aux soins, souvent présenté comme une formalité, relève, au-delà du discours public, politique et théorique, d’un vrai parcours du combattant ; pour accompagner un senior en HU, dans un parcours de soin suivi et spécialisé. Sachant que la dégradation du système de soin par les différentes politiques gouvernementales, ne modifie pas l’accès aux services de santé publique.

Par conséquent, l’accompagnement mené par les travailleurs sociaux, nécessite également une forte adaptabilité, une attention et un suivi particulier, ainsi que des apports pluridisciplinaires, avec des corps de métiers autres que médicosociaux (animateurs, agents d’accueil et de sécurité, agents d’entretien ou du bâtiment, agent de restauration…).

Or la politique d’Hébergement d’Urgence telle qu’elle est dirigée actuellement, ne permet pas une telle prise en compte. Au contraire, elle participe davantage à l’isolement des seniors et au basculement dans la perte d’autonomie pour ce public précaire.

Dans un contexte, où la politique des retraites est au cœur des débats, et où le vieillissement des populations va s’accentuer, ne serait-il pas opportun de penser l’hébergement des publics vieillissant en HU et d’envisager la construction de structures d’hébergement adaptées, comprenant une prise en charge pluridisciplinaire et dans des conditions de vie dignes et décentes ?

A l’APUI, nous pensons qu’il est urgent de se mobiliser pour que ce sujet devienne public et fasse débat. Pour ces nouveaux invisibles, il faut mettre en place une politique collective, pour la prise en charge, l’hébergement et l’accompagnement de ces seniors en difficulté.

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